Nous la mangerons, c’est la moindre des choses
Nathalie est bergère dans le Sud de la France. Elle vit dans une petite commune qui fait partie du Parc national des Cévennes, dans la région du Hérault. Elle surveille, elle soigne les moutons, elle alimente les agnelles fragiles. Elle met les mains dans la gadoue, les ronces, le sang. Elle achève un animal blessé. Elle en sauve un autre grâce à la peau de celui qu’elle vient de dépecer. Elle apprend aussi à tuer ses bêtes. On suit les gestes d’une éleveuse qui aime et qui mange ses moutons avec attention. Elle est prise sans relâche dans une interrogation à propos des manières de bien mourir pour ces êtres qui nous font vivre. Quel goût a la tendresse ?
Film soutenu par la commission de sélection d'images en bibliothèques :
Les "scènes explicites" du film d'Elsa Maury font apparaître crûment ce que nombre d'entre nous préférons ignorer quand nous mangeons des produits issus de l'élevage animal. Mais bien loin des images spectaculaires dénonçant la production industrielle et la maltraitance animale, nous voilà au cœur d'un élevage paysan, de l'humilité du travail quotidien et des interrogations qu'il pose. Le trouble qui nous saisit réside précisément dans ces gestes qui consiste à élever, soigner, aimer mais aussi tuer. Comment exécuter, dépecer, équarrir, découper quand la relation s'est faite si proche et que le rapport au vivant impose une mort digne ?
La réalisatrice réussit à positionner sa caméra en intimité avec le troupeau de brebis, au plus proche des questionnements de l'éleveuse. Elle place le spectateur à hauteur de l'animal dans un vibrant corps à corps qui ne nous épargne ni la douceur ni la violence des émotions.
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