À cinq cents kilomètres au nord-est de Saint-Pétersbourg, au milieu de la mer Blanche, les îles de l'archipel Solovki abritent dès 1923 le Slon, camp de rééducation par le travail, devenu dans les années 1930 le plus terrible goulag de l'ère soviétique. Dans cet ancien monastère, témoin des pires atrocités, est paradoxalement apparu un espace de culture et de liberté : une bibliothèque, qui compta jusqu'à trente mille volumes, constituée de livres rares et d’éditions originales de grands auteurs, rassemblés par les intellectuels, artistes et anciens aristocrates déportés. Une véritable vie culturelle s'y était même mise en place avec des troupes de théâtre, la publication de revues et la création d'une société d'études régionales. Excepté les témoignages, il ne reste rien de ce lieu. Que sont devenus les livres après la fermeture définitive du camp en 1939 ? Quelles traces la bibliothèque et les camps ont-ils laissées dans les mémoires ?

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