Chroniques
Nanouk l'Esquimau - 1922
Robert Flaherty, réalisateur américain de films
documentaires dans les années 1920, réalise, avec Nanouk l’Esquimau (Nanook of
the North) un de ses premiers films.
La vie de Nanouk passionne les foules et les chercheurs
ethnographes. En effet, observer précisément le mode de vie d’une famille Inuit
est inédit. Les techniques de pêche du saumon et du morse, la vie familiale,
les igloos, les difficultés de l’hiver, la découverte du gramophone…
Ce film est une commande de l’entreprise « Revillon
Frères », négociante en fourrure au début du 20ème siècle,
installée dans les baies d’Hudson et d’Ungava. Le film montre même la famille
de Nanouk visitant le poste de traite.
S’imposant rapidement comme un chef d’œuvre, le premier film de
« cinéma-vérité » et film ethnographique est l'objet de polémiques qu'il convient de
préciser.
Flaherty avait tourné, quelques années auparavant au même endroit, des scènes de vie des Esquimaux. Les bobines composant ce film, jugé ennuyant, brûlent : accident ou pas ? Le réalisateur se doit donc de recommencer, en évitant les écueils de la première version. La réalité est donc mise en scène.... Les protagonistes, « acteurs », ont été payés le
temps du tournage pour leur éviter d’avoir des obligations liées à la recherche
de nourriture et se consacrer au film. Certaines scènes ont été tournées
plusieurs fois pour obtenir l’image souhaitée par Flaherty. Nanouk s’appelle en
vérité Allariallak, sa famille à l’écran n’est pas sa famille réelle, leur
igloo est construit spécialement pour le tournage et s’avère être un
demi-igloo, afin de faciliter le tournage et avoir plus de lumière… En 1921, les esquimaux travaillant pour Revillon ne vivent plus en igloo, mais dans des cabanes en bois, ils sont dotés de fusils et la chasse à l'arc n'a plus lieu d'être.
La volonté de montrer des "bons sauvages" par Revillon a apparemment influencée le scénario, la réalité est donc toute autre...
Alors ? Fiction ou documentaire ?
Il s’agit là d’une « réalité mise en scène »,
nouvelle facette du cinéma documentaire qui a marqué l’histoire de cet art.
Pour l’anecdote : A la sortie du film en 1922, de
nouvelles crèmes glacées, sur bâtonnets, sont vendues dans les salles de cinéma
lors des séances de Nanouk. Leur nom ? Esquimaux bien sûr !
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