Kev
Tout le monde l'appelle "Kev", ce rouquin au regard pâle qu'une assistante sociale a découvert, enfant, enfermé dans une chambre où il n'avait que les rayons du soleil pour jouer. Désormais adolescent, Kevin souffre d'une forme d'autisme si sévère que la plupart des institutions, dites spécialisées, ont longtemps refusé de l'accueillir. Clémence Hébert l'a suivi avec sa caméra, d'un lieu à l'autre. Celle, douée de la parole, et celui, qui vit en dehors, se sont apprivoisés à égalité de regards, avec la lentille d'un objectif comme seul medium de re-connaissance qui saisit ce qui palpite, surgit, s'étiole, et recommence. Un lien discontinu mais vivant. Fruit de sa longue expérimentation auprès de ceux qui en souffraient, Fernand Deligny avait forgé un mot qui condensait son idée du cinéma comme moyen pour penser l'autisme : "camérer", par opposition à "filmer". Autrement dit, "mettre dans la boîte des éclats", autant de tentatives pour créer un humain commun. Clémence Hébert s'inscrit dans ce sillage, elle qui parvient, sans discours, à nous faire voir le monde du côté de cet être radicalement autre.
Film soutenu par la commission de sélection d'images en bibliothèques :
Kev, pour Kevin, « le garçon qui veut toujours s’enfuir ».
Ce film m’évoque une création d’art brut avec son
traitement épuré, dépouillé de tout commentaire autant que de cadre
institutionnel. Kev remplit le cadre, il nous regarde lorsqu’il se colle
à l’objectif, il se regarde, il découvre la caméra, il capte toute
notre attention.
C’est presque une épreuve à certains moments, tant il est
en tension. Il se promène avec une éducatrice et puis il lui lâche la
main et s’enfuit ; il détruit, il se couche dans l’herbe, il inquiète
puis il revient, et on comprend que cette scène va recommencer. A aucun
moment le personnel ne s’énerve après lui sans pour autant céder et
lâcher prise. La réalisatrice ne le lâche pas
non plus et leur relation de proximité est fortement ressentie. Elle l’a
rencontré à l’âge de 14 ans et l’a filmé jusqu’à ses 18 ans. Le
moment de complicité avec sa grand-mère et sa tante est un moment
bienvenu de relâche avec l’apparition d’un sourire qui illumine le film
et on le voit même faire des bisous ! un espoir.
Un film exceptionnel sur des moments partagés avec un jeune autiste.
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