Chroniques
Forever Godard

Parler d’un des plus grands
cinéastes français de tous les temps en quelques lignes : la tâche est
ardue ! Il était pourtant impossible de ne pas le faire après son décès
survenu en septembre 2022, sachant que nous avons acquis une partie des films
qu’il a réalisé sur CinéVOD. C’est donc avec un sentiment paradoxal de joie et
de tristesse, que je vais essayer de mettre des mots sur ce que
Jean-Luc Godard a apporté au 7ème art.
Né à Paris en 1930, il passe une
partie de son enfance en Suisse où il se passionne très rapidement pour le
sport qu’il pratique intensivement (football, ski, basket-ball…) mais aussi
pour la peinture. Après le collège, il est envoyé à Paris au lycée Buffon pour
préparer le baccalauréat mais il échoue deux fois (il l’obtiendra lors d’une
troisième tentative en Suisse). Il semble déjà s’intéresser plus au cinéma et à
la lecture (notamment de revues critiques de cinéma) qu’aux études.
C’est ainsi qu’il deviendra
lui-même critique de cinéma dans la célèbre revue les Cahiers du cinéma, à partir des
années 1950 tout en tournant ses premiers courts-métrages. C’est à cette époque
qu’il rencontre d’autres grands réalisateurs français tels que François
Truffaut, Claude Chabrol et Eric Rohmer.
Il se lie d’amitié avec Truffaut avec qui il va collaborer pour
réaliser son premier long-métrage, A
bout de souffle. En effet, c’est Truffaut qui écrit le scénario
de ce qui va devenir l’un des films phares de la Nouvelle vague, un cinéma
résolument anticonformiste et iconoclaste qui continue aujourd’hui encore à
influencer beaucoup de réalisateurs à travers le monde et qui s’inspire souvent
du film noir américain.
Il est impossible ici de citer
tous les films de Godard mais il faut tout de même retenir qu’il n’a cessé de
changer, de se réinventer, dans son style, dans sa recherche de nouvelles
formes de cinéma avec une haute exigence qui n’a jamais diminué.
Vous pourrez visionner sur
CinéVOD Bande à part, une de ses nombreuses collaborations avec sa
compagne et grand amour, Anna Karina. Ce film est typique de la Nouvelle vague
car il mêle des éléments identifiables de ce cinéma : le burlesque, la
révolte contre l’ordre établi, la nonchalance mais aussi une certaine
mélancolie qui crée un maelstrom d’émotions antagonistes.
Plus tard, à la veille de Mai 68,
c’est un Godard ultra-politisé, voire radical qui tourne des films totalement
ancrés dans leur époque. C’est donc avec son regard de maoïste qu’il réalise la
Chinoise
(avec deux autres acteurs avec qui il
collabore fréquemment, Anne Wiazemsky et Jean-Pierre Léaud), un véritable brûlot
influencé par la pensée marxiste-léniniste chinoise où il change également de
style de mise scène en cassant souvent les codes de la narration classique. Il
poursuivra dans la même veine en attaquant les habitudes des bourgeois et de la
nouvelle classe moyenne, notamment en visant la société de consommation et le
tourisme de masse dans Week-end ou encore en montrant la
prise de pouvoir d’ouvriers d’une usine qui tiennent en otage leur patron dans Tout
va bien.
Jusqu’à la fin de sa vie, il aura
testé d’autres formes de cinéma jusqu’au superbe Livre d’image, à la
frontière du cinéma expérimental mais qui a fait de Godard l’un des cinéastes
les plus innovants de son époque malgré son âge avancé et qui reste encore
largement copié jusqu’aux moindres petits détails.
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