Chroniques
Le Monde de Charlie, de Stephen Chbosky (2012).
C’est un film comme il pourrait y en avoir des dizaines. Le
décor et les personnages sont facilement identifiables : le lycée d’une
petite ville des États-Unis, ses salles de classe et ses terrains de sport, son
équipe de football américain et sa team de pom-pom-girls, les soirées autour de
gobelets rouges, le professeur de littérature qui se consacre à l’enseignement
après une carrière d’écrivain manquée…
Une série de clichés qui recrée l’ambiance des high schools
américaines, formule bien usée. À ceci près que Charlie, le personnage
principal, est comme nous. À quinze ans, il entame sa première année de lycée et
peine à trouver ce qu’il cherche dans cette atmosphère artificielle. Alors,
pour se préserver au mieux du bizutage et des autres réjouissances qu’offre son
âge, Charlie se fait le plus discret possible, jusqu’à s’effacer. Évoluant en
silence, il s’interdit de participer en classe, de croiser les regards, et déjeune
seul au fond du réfectoire. Son temps libre, il le partage entre la lecture des
ouvrages recommandés par son professeur de littérature et l’écriture de longues
lettres adressées à un correspondant inconnu.
C’est ainsi que Charlie traverse l’existence. Calme, et seul.
Mais surtout, profondément malheureux, portant en lui la douleur de souvenirs
qu’il n’a personne avec qui partager.
Jusqu’à ce que déboulent Patrick et Sam, deux élèves de
terminale tout à fait déjantés qui dévorent la vie sans se préoccuper des
regards extérieurs. Ils prennent Charlie sous leur aile et l’embarquent
découvrir le monde et sa palette de possibles, bien au-delà des carcans du
lycée. Enfin, Charlie respire. Il découvre les fêtes, l’alcool, mais aussi la
musique et la folie dansante qu’elle suscite (avec une belle B.O. nostalgique :
The Smiths, David Bowie, Dexy’s Midnight Runners…). Surtout, Charlie découvre la liberté, la spontanéité, le
laisser-aller que permettent l’amitié, et, peut-être, l’amour.
Ce film est l’adaptation du livre The Perks of Being a Wallflower,
réalisé par son propre auteur 14 ans après la parution du roman. Porté par des
acteurs confirmés (Logan Lerman, Emma Watson, Ezra Miller, Kate Walsh), Le Monde de Charlie propose
un regard à la fois juste et doux sur les tourments de l’adolescence. Sans être
édulcorée ni mélodramatique, cette comédie nous immerge dans la vie de Charlie
et de ses amis. Auprès d’eux, on s’attriste, on se réjouit, on s’interroge, on
se révolte, on tombe amoureux et on s’émerveille.
Ensuite, on se souvient de leur fragilité, et de la beauté
qu’elle leur confère.
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